CADENCES DE PRODUCTION EN REHABILITATION
Description des modes opératoires
Remarques préliminaires
La réhabilitation d’un bâtiment existant comprend en général des modifications profondes de la structure, la reprise complète du cloisonnement et de l’équipement, des réparations sur les ouvrages conservés ( exemple: toiture conservée, nécessitant quelques reprises ) et des travaux de finition. Les conditions particulières d’exécution des travaux imposent une pré-étude sérieuse des modes opératoires qui, ensuite, permet d’estimer les temps unitaires et les cadences d’exécution. En cela, la réhabilitation diffère des travaux neufs où l’organisation de la plupart des postes de travail ne change guère d’un chantier à l’autre. On observe en particulier l’importance du budget de main d’œuvre ; une tâche exécutée en travaux de réhabilitation peut consommer jusqu’à trois fois plus.
La disponibilité des moyens de levage est limitée car l’équipe travaille sous un plancher existant. Dans ces conditions, toute évacuation de matériaux de démolition ou tout approvisionnement s’effectue à la brouette ; au mieux, une grue peut se présenter devant une fenêtre et participer à la tâche. Impossible d’utiliser des matériaux et des matériels pesants ; on remplace alors le voile en béton armé par de la maçonnerie pleine ( technique déjà pénible en soi ) ou des poutres préfabriquées en béton armé par des profilés métalliques. Les fouilles en sous-sol se font manuellement si les pelles hydrauliques ne peuvent y accéder ; ensuite, on évacue la terre à la brouette !
Les cadences de production proposées sont indicatives et à adapter aux difficultés particulières du chantier.
Description des modes opératoires
Afin d’illustrer la pré-étude nécessaire, nous présentons des extraits d’analyses de postes dans le cas de la réhabilitation d’une clinique psychiatrique à Strasbourg. Le conducteur de travaux s’est rendu sur place, a pris toutes les tâches du CCTP et a imaginé un scénario d’exécution pour chacune ; il en a déduit un budget d’heure en utilisant les cadences données au paragraphe suivant. Cette démarche fut conduite avant le dépôt de l’offre pour le maître de l’ouvrage.
Structure du bâtiment
- – murs extérieurs en grès et moellons
- – murs intérieurs > 40 cm en moellons ; murs intérieurs < 40 cm en briques pleines de terre cuite
- – dalle haute du sous-sol : plancher voûté en moellon avec dalle de compression en béton armé
- – dalle haute de RdC : plancher traditionnel en bois.
Mode opératoire : démolition cloisons non porteuses
- • au marteau piqueur et à la masse
- • prévoir échafaudage
- • évacuation à la brouette
- • à l’étage : percements dans le plancher pour passage d’une goulotte ; passage de cette goulotte par fenêtre du RdC vers benne où il faut prévoir un homme qui répartit les gravats
- • au RdC, fabrication d’un platelage bois pour accès à la
benne.
Mode opératoire : travaux de maçonnerie
- • présentation de palettes d’agglomérés de béton et des sacs de mortier à la fenêtre des étages à l’aide du camion grue; déchargement manuel des palettes
- • approvisionnement des zones de mise en œuvre à la brouette, ou sur palette avec un tire-palette si possibilité
Mode opératoire : création de passages ou de portes
- • étaiement provisoire par chevallement au dessus du futur linteau (profils métalliques au travers du mur, et posés sur tours d’étaiement)
- • percement au marteau piqueur
- • mise en place de pré-linteaux en béton précontraint et reprise des jambages par maçonnerie de briques pleines (10 cm)
Mode opératoire : création d’une gaine d’ascenseurs
- • fosse d’ascenseur
- • fouille manuelle ; évacuation à la brouette et par monte charge électrique vers la benne, au travers d’une fenêtre du sous-sol
- • mur et radier coulé par goulotte depuis l’extérieur où accède le camion toupie
- • les trois cotés pleins de la gaine
- • étaiement du plancher bois avec tour, au centre de la future gaine
- • maçonnerie des trois murs
- • démolition du plancher
- • face avant de la gaine dans mur existant
- • émolition du mur existant, des combles au sous-sol
- • création des portes par coffrage et bétonnage de linteaux ( bétonnage à la brouette depuis le niveau supérieur )
Mode opératoire : création de grandes ouvertures avec linteaux par profilés métalliques
- • étaiement par chevalement sur mur d’épaisseur < 30 cm et linteau avec un ou deux profilés métalliques
- • étaiement des planchers par tours et poutrelles au travers du mur à percer
- • création de sommiers en béton à chaque appui des profilés: percement, coffrage et bétonnage avec face supérieure réglée
- • démolition au droit des profilés
- • pose du ou des profilés ; mise en charge (rattrapage du vide entre la face supérieure du profilés et l’arase supérieure de la démolition ; réalisé avec mortier ou maçonnerie de brique pleine, selon la hauteur à combler)
- • démolition du mur sous le ou les profilés
- • reprise des jambages au mortier
- • par moitié de mur si l’épaisseur est supérieure à 30 cm et linteau avec deux profilés métalliques
- • création des sommiers sur toute l’épaisseur du mur
- • démolition au droit du profilé (moitié du mur)
- • pose du profilé et mise en charge
- • démolition, pose et mise en charge pour l’autre moitié
- • démolition sous les profilés
- • reprise des jambages au mortier
- • approvisionnement des profilés métalliques
- • au camion grue jusqu’aux fenêtres
- • ensuite, transport manuel si p < 200 kg (4 personnes) ; levage (ht = 4,50 m) et pose sur les sommiers avec corde, poulie et palan
- • si p > 200 kg, transport par roulage sur tubes métalliques ou sur palettes avec tire-palette ; levage et pose sur les sommiers par portique et palan électrique installé à l’étage supérieur
Cadences d’exécution
La durée réelle d’une tâche s’obtient en divisant la quantité à exécuter par la cadence ; le budget d’heure s’obtient en multipliant la durée réelle par le nombre d’homme dans l’équipe. Si on décide de modifier le nombre d’hommes de l’équipe, la cadence évolue mais le budget d’heure reste à peu près constant.
Arrachage de revêtement de sol, d’huisserie, de châssis, de faux plafonds
Cadence | Moyens | ||
---|---|---|---|
estimation par visite sur place ; exécuté avec petit matériel manuel ; nécessite parfois un échafaudage |
Démolition manuelle sans soin d’ouvrages non porteurs
sans évacuation | m3/h | 0.8 à 1 | avec 1 homme ; maçonnerie de briques ou carreaux de plâtre; au marteau piqueur |
Démolition manuelle sans soin d’ouvrages porteurs
sans évacuation | m3/h | 0.3 à 0.4 | avec 1 homme ; épaisseur supérieure à 20 cm, en moellons, en grès ou en maçonnerie pleine; étaiement éventuel non compris |
Petits percements manuels ( ou saignée ) dans les ouvrages porteurs
u/h | 0.3 à 0.4 | avec un homme |
exemples : percements pour sommiers de profilés métalliques (cis. coffrage et bétonnage) ou vaste saignée pour la mise en place de ces profilés ; évacuation comprise
Démolition d’un plancher traditionnel en bois
sans évacuation | m2/h | 0.3 à 0.4 | avec un homme ; étaiement compris |
Transport de gravats issus de démolitions
m3/h | 0.8 à 1 | avec 2 hommes ; évacuation simple : par brouette, sur une petite distance |
Démolition en sous-sol : ajouter deux hommes à l’équipe en cas de monte-charge, un qui reprend les gravats en bas et remplit le godet, un autre qui les répartit dans la benne où le godet se vide. Prévoir une ou une demie journée à deux hommes pour l’installation du monte-charge ; même prévision pour son déplacement.
Démolition aux étages: en cas de goulotte, ajouter seulement un homme qui répartit les gravats dans la benne ( prévoir une bâche de protection sur la benne qui évite la diffusion de poussières lorsque les gravats y tombent ). Prévoir une demie journée à 2 hommes pour la mise en place des goulottes sur une hauteur de 5 m, y compris la tour d’étaiement éventuelle qui la maintient.
Fouille manuelle et évacuation des déblais
m3/h | 0.8 | avec 3 hommes: 2 hommes à l’extraction dans la fouille, un seul à l’évacuation; ajouter deux hommes en cas d’utilisation d’un monte charge (évacuation depuis un sous-sol) |
Montage d’un échafaudage
pour travaux sur niveaux de grande hauteur | ? | dépend du type de matériel |
Mise en place de tours d’étaiement
ml/h | 4 | avec 2 hommes; ml: mesure de la hauteur d’une tour |
exemple: mise en place de tours pour l’étaiement d’un plancher avant démolition d’un porteur; comprend le transport du matériel, le montage, le démontage et l’exécution de planchers de travail
Pose de profilés métalliques
kg/h | 100 | avec 2 hommes |
Le nombre d’homme dans l’équipe dépend du poids et de la technique de mise en place; la cadence comprend l’approvisionnement et la pose sur des sommiers existants; la démolition est comptée en dehors ainsi que la mise en charge et les finitions
Réalisation d’un chevalement
? | hors montage des tours d’étaiement; dépend de la longueur de l’ouverture et du nombre de percements |
Mise en charge d’un linteau
La mise en charge d’un linteau se fait par un bourrage de mortier ou une maçonnerie de brique pleine, pour combler le vide au dessus d’un linteau posé en sous-œuvre; à compter 2 fois si il y a 2 profilés métalliques ou 2 prélinteaux
ml/h | 3 | avec un homme; ml: mesure du linteau |
Maçonnerie de parpaings ( agglomérés de béton pleins ) ou de briques pleines
m2/h | 1 | avec 2 hommes; un homme à la mise en œuvre, l’autre à l’approvisionnement manuel |
Dressage d’une surface au mortier
m2/h | 0.5 | avec 1 homme |
exemple: reprise d’un jambage après démolition d’un mur pour une nouvelle porte